Interview de Thierry Veissaire, assistant informatique
Le 17 mai 2021
« Chez Appuy Dom, j’ai trouvé ma place… »
Entrepreneur salarié depuis les débuts d’Appuy Créateurs et à l’origine de la création d’Appuy Dom, Thierry Veissaire revient sur son parcours au sein de la coopérative, son activité d’assistant informatique à domicile et l’importance de créer du lien social avec des seniors de plus en plus connectés au numérique !
Les débuts d’Appuy Dom
« Cherchant un statut pour mon projet professionnel d’assistant informatique, je suis arrivé chez Appuy Créateurs en février 2005 et suis devenu un des premiers entrepreneurs de la coopérative, au sein de laquelle j’exerce encore aujourd’hui le même métier. En 2008, après l’adoption de la loi Borloo, j’ai proposé à Sandrine Barrière, la présidente de la CAE, de créer une structure dédiée au service à la personne. C’est l’acte de naissance d’Appuy Dom, une solution qui m’a permis de développer mon activité grâce à un argument commercial choc : proposer à mes clients de récupérer financièrement 50 % de la facture payée. En 2013, l’augmentation de la TVA de 10 % à 20 % m’a conduit à poursuivre mes prestations destinées aux particuliers en tant que micro entrepreneur, tout en restant chez Appuy Créateurs pour mes interventions auprès des artisans et des professions libérales. Ayant atteint le plafond de l’auto-entreprenariat suite à la progression de mon chiffre d’affaires et désirant retrouver la protection sociale liée au salariat, ainsi que le réseau d’un collectif, je suis revenu chez Appuy Dom en décembre 2019, avec l’impression de retourner à la maison ! Aujourd’hui, à 56 ans, je sais que j’y resterai jusqu’à ma retraite. »
Activité et clientèle
« Plus de 90 % de mes clients sont des retraités que j’accompagne dans l’achat et l’installation de matériels (ordinateurs, imprimantes, smartphones, tablettes). Mon objectif est de les rendre autonomes en fonction de leurs attentes. Je vais donc chez eux pour être à leurs côtés dans l’apprentissage informatique et numérique de leurs outils. Je les aide également dans la gestion des difficultés qu’ils peuvent rencontrer, comme par exemple celles liées au paramétrage. Durant le premier confinement, j’ai été obligé de réagir et j’ai développé une activité à distance pour continuer à répondre à la demande. L’administration nous ayant permis, en raison des circonstances exceptionnelles, de bénéficier de la même déduction fiscale qu’à domicile. J’ai ainsi pu continuer cet accompagnement précieux pour les seniors que je vais maintenant proposer, sans crédit d’impôts, chez Appuy Créateurs. »
Impact de la crise sanitaire
« L’une des conséquences de la crise sanitaire est la marche forcée de la société vers le numérique. Alors que 13 millions de Français restent éloignés du numérique, la lutte contre la pandémie a agi comme un accélérateur des usages, en témoigne l’augmentation de mon activité ces derniers mois. Aujourd’hui, j’interviens sur des aspects informatiques purs, comme apprendre à utiliser une messagerie, naviguer sur le web, s’initier aux logiciels bureautique et multimédia. Mon champ d’action s’est complété par de l’assistance administrative. Déclaration d’impôts, e-cesu, certains clients n’ont pas l’habitude et sont un peu « noyés » face à cette déferlante du numérique. En ce moment, j’aide par exemple beaucoup de personnes à s’inscrire sur Doctolib pour se faire vacciner. Communiquer avec ses enfants et ses petits-enfants via Skype ou Zoom est peu à peu entré dans les habitudes. Je suis donc intervenu pour leur installer ces logiciels collaboratifs qui leur servent aussi à suivre des conférences en visio, comme celles proposées par l’Institut du Temps Libre. »
Créer du lien social
« Ce qui fait la richesse de mon métier, c’est d’aller au domicile de personnes qui ont autant besoin de contact et de lien social que d’un technicien « pur et dur ». Ce constat s’est encore accentué avec la crise. J’ai commencé chez Appuy Créateurs avec trois clients et, en 15 ans, essentiellement par le bouche à oreille, j’en ai touché un peu plus de 700 ! J’entretiens avec eux des relations à long terme. En me donnant accès à leurs données personnelles, ils me témoignent un niveau de confiance extrême que je leur garantis par un engagement de confidentialité. En temps normal, je me déplace dans un rayon de 35 km autour de Clermont-Ferrand. Le confinement a bousculé mes habitudes et des clients m’ont appelé d’autres régions pour que je les accompagne à distance. Depuis, j’ai touché une dizaine de nouveaux clients…»
Séniors et numérique
« Le paradoxe que je constate c’est que des séniors que j’ai connus à 85 ans et qui en ont 90 aujourd’hui sont plus à l’aise avec le numérique que certains trentenaires ! Je pense notamment à une dame qui est devenue une vraie geek et qui passe plus de 3 heures par jour sur son ordinateur ou son smartphone. Pour se déplacer, elle est capable de partir par BlaBlaCar et de revenir par FlixBus. Donc méfions-nous des a priori. Les personnes âgées sont non seulement tout à fait capables de s’initier aux outils de leurs temps mais ils se débrouillent très bien avec ! »
Propos recueillis par Cécile Jouanel